Ok le titre n’est pas de nous mais colle complètement à l’atmosphère qui règne à Detroit (Michigan). Pour faire un bref rappel historique, « Motortown » a connu son heure de gloire dans les années 1950’s grâce aux « Big 3 » (General Motor, Ford, Chrysler) et une industrie automobile alors à son apogée. Culturellement, Detroit est le berceau du label Motown, de la musique noire américaine (The Supreme, Stevie Wonder etc), du rock indé (Iggy Pop, Alice Cooper, Jack White) mais aussi du rap et de la techno. Depuis, la ville a entamé un long déclin passant d’environ 1,8 million d’habitants au milieu du XXème siècle contre à peine plus de 700 000 aujourd’hui et accumulant une dette de 18,5 milliards de dollars ! Detroit est aujourd’hui la première ville des USA à se mettre en faillite.
Autant dire que cette histoire singulière qui symbolise en quelque sorte le « déclin de l’empire américain » (et au passage des limites du capitalisme…) a laissé des traces sur l’architecture de la ville : un nombre incalculable de maisons, anciens immeubles art-déco, hôtels, théâtres, églises, bâtiments publics (librairies, postes de police, hôpitaux, écoles – la liste pourrait s’allonger) ou même usines sont aujourd’hui fermés – leurs portes et fenêtres murés – lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement abandonnés. En se baladant le long des immenses boulevards (le fameux 8 Miles d’Emminen) – car oui, la ville a été conçue avant tout par et pour l’industrie automobile – nous avons l’impression de marcher dans une ville fantôme : peu de voitures et encore moins de transports publics, quelques âmes au regard perdu errent le long des trottoirs (souvent défoncés), les vitrines sont souvent closes. Même ce qui fut beau il y a quelques décennies est transformé en moche, à l’instar d’un théâtre du centre-ville reconverti en… parking. Seule la tour vitrée du siège de GMC brille encore de mille feux et semble toiser la ville.
Une petite note d’espoir dans cet océan de délabrement : Detroit semble retrouver quelques couleurs et certains des plus beaux immeubles du « downtown » sont en rénovation, tandis que dans le « midtown », les habitants d’un quartier ont monté le projet artistique Eidelberg et investi la rue : sculptures, peintures et installations ravivent un quartier qui semblait voué à la désertion. Des agriculteurs urbains tentent également de prendre possession d’espaces vides pour les cultiver.
Bref, Detroit est une ville à part qui ne laisse pas indifférente. Soit on aime, soit on déteste (car on n’ose pas la regarder ?!), mais en tout cas c’est sûr, quelque chose bouge sous ses ruines…